Peut-on vraiment "ne rien faire"?
J’étais dans ma relaxation finale après une séquence de yoga et je pensais au prochain article que j’allais écrire sur une posture de yoga en rapport avec la Fête des mères.
Est-ce que vous connaissez ces moments où vous êtes à moitié dans ce que vous êtes en train de faire ou de vivre, parce que vous pensez à ce qui s’est passé avant ou à ce qui se passera après?
J’imagine que oui. C’est pour cette raison que j’écris cet article, plutôt que celui auquel je réfléchissais pendant ma relaxation, car il me semble important de se souvenir de l’art presque perdu de ne rien faire et pourquoi il est très utile. de ne rien faire pour notre bien-être et notre santé.
L’expérience de “ne rien faire”
Ne rien faire pendant au moins 15 minutes, voilà l’idée que j’applique depuis maintenant plus d’une semaine.
Pourquoi? parce que, comme beaucoup d’entre nous, j’ai une tendance à faire toujours quelque chose, activement ou passivement: faire du sport, écouter de la musique, apprendre (plusieurs choses qui n’ont rien à voir entre elles en parallèle), réfléchir (certainement trop). Et en plus, je fais plusieurs choses en même temps, comme regarder une série dans une langue que je ne maîtrise pas (donc en devant lire les sous-titres) tout en écrivant un article sur le yoga.
Certains pourraient dire que ce type de comportement est de l’hyper-activité, mais je pense que l’on met trop vite des étiquettes (psychiatriques, en l’occurrence) à des habitudes qui sont souvent promue par notre société.
En effet, nous sommes dans le monde ultra stimulant du “faire”. L’“être” n’y a plus vraiment une place de choix, sauf dans certains cercles (plutôt restreints en fait) comme celui du yoga.
En soi, d’un point de vue pratique, être dans l’action est plutôt sympa, mais, d’expérience, je pense qu’elle a certains revers.
Les “problèmes”:
à toujours faire plusieurs choses à la fois, il y a des moments où la concentration n’est pas au maximum et du coup, la mémoire ne fonctionne pas toujours.
Plus embêtant, je pense que cela peut déséquilibrer les systèmes nerveux sympathique et parasympathique. Le sympathique (celui a l’air gentil au vu de son nom, mais qui en fait nous maintient dans une sorte d’hypervigilance), est trop souvent en mode “on” et le parasympathique (en gros, celui qui permet de gérer les situations dans le calme et de manière plus objective) n’est pas assez actif. C’est un peu le fléau de notre monde moderne.
Pour ma part, je ressens parfois ce déséquilibre quand je suis en train de faire quelque chose et que mon cerveau est déjà en train de penser à la prochaine activité qu’il va faire. Cela crée une sorte d’impatience qui à l’intérieur de mon corps qui fait que je ne suis déjà plus tout-à-fait à ce que je suis en train de faire dans le moment présent.
Lorsque l’on est toujours en train de faire quelque chose et de penser à ce que l’on va faire après, on s’oublie: on n’est plus vraiment connecté à ce que l’on est et à ce que l’on ressent, que ce soit corporellement ou émotionnellement.
Quand on s’arrête de faire des choses, on peut se sentir perdu.
La solution: apprendre à ne rien faire et revenir à soi pour apprécier chaque moment de ce que l’on vit.
Le concept de “ne rien faire”
En tapant “l’art de ne rien faire” dans la barre de recherches Google, j’ai vite trouvé qu’il y a plein de livres et de questionnements sur le sujet. Mais, j’ai décidé de ne pas les lire, pour ne pas rajouter encore une chose à ma to-do list et ne pas influencer mon expérience.
N’ayant aucun renseignement sur le sujet et donc aucune “méthode”, quand je me suis dit que je n’allais rien faire pendant 15 minutes, je me suis demandé comment j’allais procéder.
Je vous livre ci-dessous mon expérience sur le sujet.
Les résultats de l’expérience après plus d’une semaine
Cela fait maintenant plus d’une semaine que je prends le temps de ne rien faire pendant 15 minutes par jour: je m’assois avec un timer et je ne bouge pas de l’endroit où je me suis assise pendant ce laps de temps, malgré les éventuelles “urgences” que mon mental me présente, comme:
Oh! Faudrait que j’étudie un peu mes langues
Ah! c’est juste, je devais faire une story Instagram
Aïe! Je n’ai toujours pas répondu au message de X (alors qu’il attend déjà une réponse depuis 2 jours)
Mince! Est-ce que je ne devais pas lancer une lessive….
Aussi, je n’écoute pas de musique, je ne médite pas (en tout cas pas volontairement), je ne me mets pas dans une posture de yoga, telle que savasana. Je m’assois et je reste là avec ce qui m’entoure et moi-même.
L’expérience montre que, malgré ce que l’on pourrait penser, même si on ne fait rien (consciemment), on est actif, mais différemment.
Mes constations:
Notre corps et notre mental font toujours des choses: ils continuent à vivre pour nous faire vivre.
Nous sommes des êtres d’observation: pendant que je suis assise, j’observe ce que je vois, ce que j’entends, les sensations dans mon corps, mes pensées, mes émotions. Je ne le fais pas activement, mais automatiquement et passivement, car mon esprit n’est plus distrait.
Du coup, à force, ce qui se passe dans le moment présent devient plus important que ce qui était le moment d’avant ou ce qui sera dans le moment suivant.
Je pense que c’est en cela que réside la beauté de “ne rien faire”: on redevient un simple observateur de ce qui est et de ce que nous sommes, dans le respect du principe de svadhyaya mis en avant par Patanjali. On se reconnecte à ce qui nous entoure et à ce qui nous compose. On prend conscience que ce qui nous entoure et ce qui nous compose n’ont pas besoin que nous soyons toujours dans l’activité pour vivre et qu’on peut s’accorder ces moments de pause régénérants pour notre bien-être.
On peut ainsi se laisser aller un instant en toute confiance dans le moment présent.
L’aventure continue et je vous en dirai plus dans quelques mois.
Le yoga dans tout ça?
Le yoga est un formidable outil pour vous accompagner dans cette expérience de ne rien faire, parce qu’il vous y prépare et vous apprend à être dans le moment présent.